Une photographe pénètre dans un restaurant et demande une table près de la fenêtre. Ce qui se passe par la suite va inspirer les gourmands du monde entier... les gourmands amateurs de photos, en tout cas.
La photographe dont nous parlons est Alison Lyons. Bien qu’elle se considère plus comme une gourmande occasionnelle que comme un gourmet à part entière, ses visites dans les restaurants et cafés s’apparentent autant à des expériences culinaires qu’à des opportunités de prendre des photos.
Ce sont aussi des occasions de développer et de peaufiner ses compétences, puisque trouver l’équilibre entre le résultat souhaité et la plus grande discrétion possible, peut être considéré comme l’ingrédient de base de sa recette pour une photographie culinaire sur place.
« On me jette parfois des regards curieux », confie Alison, « mais les gens sont généralement plus amusés qu’autre chose ». Bien sûr, j’essaie toujours de travailler aussi vite que possible par égard pour le restaurant et les autres clients, mais également pour que la nourriture reste fraîche et appétissante. Et comme j’ai hâte de manger, j’ai tout intérêt à photographier le plus vite possible ».
Alison attire parfois l’attention des propriétaires de restaurant. « J’étais dans un café l’autre matin et j’ai pris quelques photos », raconte-t-elle, « et la propriétaire est venue, préoccupée parce qu’elle pensait que quelque chose n’allait pas avec la nourriture ». Mais quand je lui ai dit que j’étais photographe, elle s’est détendue et il n’y a eu aucun problème. » Une autre fois, le propriétaire d’un restaurant s’est non seulement intéressé à ce que faisait Alison, mais également à la photographie. « J’ai passé un certain temps à discuter avec lui, et il m’a dit qu’il avait employé un photographe dans le passé, mais n’était pas très satisfait des photos. J’ai fini par lui donner des copies des photos que j’avais prises en suggérant qu’il communique avec moi la prochaine fois qu’il aurait besoin de photos. » En général, chaque fois que les propriétaires ou gérants lui témoignent de l’intérêt, Alison leur donne des tirages.
Conseils et astuces pour de magnifiques photos culinaires
Les restaurants ne sont pas les seuls endroits où elle photographie des aliments. Plusieurs des photos présentées ici ont été prises chez elle. « Chez moi, je dispose évidemment d’un contrôle créatif beaucoup plus important », déclare-t-elle, « ainsi que de quelques endroits offrant une très belle lumière ». Il y a une lucarne dans la cuisine qui agit comme une grande boîte à lumière (elle propage agréablement la lumière) et j’ai une petite cour qui me permet de prendre des photos à l’extérieur. » L’un des avantages majeurs de la photographie culinaire à la maison, c’est de pouvoir se concentrer sur la photographie plutôt que sur le fait de manger. Peut-être plus important encore pour les photographes culinaires en herbe, Alison suggère qu’une séance de photographie culinaire à la maison est un « excellent entraînement pour une expérience en restaurant ».
De temps en temps, elle fait des photos dans d’autres endroits. Les thés (photo 5 illustrant cette histoire) ont été pris dans son bureau (Alison est la directrice artistique d’une agence de publicité et de conception). Quant à la photo de fromage et de craquelins, elle a été prise chez un ami. « Le fromage était fait maison et était plutôt spécial pour elle », raconte Alison, « et je lui ai offert un tirage de cette photo ».
Pour les prises de vue en restaurant, l’éclairage est un élément important à prendre en compte.
« Je vais délibérément m’asseoir près d’une fenêtre », confie Alison, « et je me mets même parfois à une autre table ou je déplace les plats sur une autre table. Pour la photo de la meringue à la pistache [numéro 4], j’ai acheté plusieurs gâteaux dans un café, parce qu’ils étaient vraiment photogéniques, et j’ai [changé] de table trois fois pour trouver une position qui permettait de créer ce joli bokeh en arrière plan. Tout dépend si le personnel du café ou du restaurant est serviable. » Bien sûr, parler de photographie avec le propriétaire et lui donner des tirages, sans parler de se montrer fidèle à la boutique, peut grandement contribuer à le rendre « serviable ».
Souvent, la photographie exige des décisions très spontanées. Il est possible qu’Alison voit une illustration sur un menu ou un plat servi à une table voisine, décide que c’est un bon sujet, commande la même chose et prenne des photos. « Récemment, un restaurant avait des pâtisseries particulièrement jolies, et j’en ai commandé pour les photographier, pas pour en manger. »
Quant au matériel, elle s’en tient à l’essentiel : un reflex numérique, un ou deux objectifs et une grande aisance pour effectuer des réglages rapides sur l’appareil.
Chez elle et dans les restaurants, elle opère comme sa propre styliste culinaire, en s’appuyant sur son expérience dans le domaine artistique et sur la compétence qui entre en jeu dans ce qu’elle se plaît à appeler « le travail du jour ». Être styliste culinaire peut impliquer simplement de déplacer des plats : « La nourriture peut être un peu trop près, donc je dois mettre le plat de l’autre côté de la table ». Cela peut également impliquer de créer une composition dans une composition en réorganisant les aliments dans l’assiette pour qu’ils apparaissent sous leur meilleur jour, puis en positionnant l’assiette pour un bon cadrage.