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Requin pucé : à la poursuite des prédateurs, minute après minute

Glossaire

Photographier des requins? Eh bien, oui, si vous êtes un biologiste marin avec un intérêt particulier pour les requins, c’est ce que vous faites. Si vous êtes le Dr Greg Skomal, c’est probablement ce pour quoi vous êtes né.

Demander à Greg de parler de sa passion pour le monde sous-marin et sa réponse immédiate mentionnera « un certain Jacques Cousteau, qui présentait une émission télévisée hebdomadaire dont je suis tombé amoureux. » Il mentionnera également des films (Jaws [Les Dents de la mer], et Blue Water, White Death [Bleue est la mer, blanche est la mort]) et les émissions de télévision (Sea Hunt et Flipper). Ensuite, il dira : « Je suis tombé amoureux de l’océan en le regardant à la télévision. »

Mais peu de temps après, les choses ont changé : sa famille a pris des vacances dans les Caraïbes. « C’était ça, je pouvais voir mes pieds quand je marchais dans l’océan. Je pouvais voir des poissons et nager avec eux, et je voulais montrer cela aux gens. » C’est ainsi qu’il a commencé à prendre des photos sous-marines (les premières avec un Kodak Instamatic dans un boîtier Ikelite) et à présenter des diaporamas à ses frères et sœurs. Il a étudié la biologie au secondaire, et il a appris la plongée sous-marine. Quand il a terminé ses études secondaires, ses parents lui ont offert un appareil photo sous-marin Nikonos III. Ensuite, il fallait faire un choix : continuer en biologie marine ou en photographie? « J’ai décidé de me consacrer à la vie marine », dit Greg, « mais d’essayer de toujours avoir un appareil photo avec moi. Et c’est comme ça depuis 40 ans. »

Les grands blancs

Pendant ses études supérieures à l’Université du Rhode Island, Greg a commencé à travailler dans un laboratoire à Narragansett où des scientifiques marquaient des requins pour suivre leurs mouvements. Il a appris à utiliser leurs appareils photo Nikonos pour documenter le travail sur le terrain. « Le Nikonos était un excellent outil, car il n’y avait pas de système automatique. Il fallait tout savoir sur les vitesses d’obturation, les nombres f et la profondeur de champ », a-t-il déclaré. « C’était une excellente façon pour moi d’affiner mes compétences. J’allais sur les navires de recherche et je prenais des photos des requins et de ce que faisaient les scientifiques. C’était du genre : "Ce requin a un parasite très étrange sur l’œil", alors j’allais prendre une photo. "Regardez cette tumeur intéressante à l’intérieur de son foie", et je prenais alors une autre photo. »

Aujourd’hui, ces types de prises de vue font toujours partie de son travail, mais il y a aussi des images qui visent un but autre que la documentation.  

« J’essaie également de produire des photos agréables à regarder et qui inspirent les gens, ou du moins qui attirent leur attention [avec] plus que de simples connaissances scientifiques. »

La mission, dit-il, est de passer de l’éducation au respect et à la conservation.

« Trop souvent, les scientifiques font des recherches et les publient dans des revues spécialisées que personne ne lit à part d’autres scientifiques. Mais je pense que parce que la plupart des activités scientifiques sont financées par le gouvernement, nous avons l’obligation de partager ce que nous faisons avec le public. »

Et si les scientifiques peuvent effectivement partager ce qu’ils font, il pense que le public s’impliquera. « Et une fois engagées, les personnes s’y intéresseront et commenceront à faire preuve de respect, et le respect de l’environnement va de pair avec la protection et la conservation. »

Marquer et suivre

Greg mentionne les écosystèmes des récifs coralliens comme un exemple de l’importance des requins dans une chaîne complexe qui soutient la vie dans la mer. « Les requins sont les principaux prédateurs d’un écosystème de récifs coralliens », déclare-t-il. « Ils ont tendance à tuer et à manger les brouteurs sur le récif [pour que] tout reste en équilibre. Si vous supprimez les requins de cet écosystème (et cela a été démontré dans des zones où les requins ont été épuisés), certains de ces brouteurs vont surpâturer et créeront des problèmes pour le récif lui-même. Cela pourrait entraîner l’effondrement du récif. Si le récif s’effondre, toute la protection et la nourriture (tout ce qu’il fournit aux autres membres du récif) échapperont à tout contrôle, ce qui pourrait entraîner l’effondrement de l’ensemble de l’écosystème. À plus petite échelle, il est prouvé que l’élimination des requins créera un déséquilibre qui nuira à la santé de l’océan. J’en suis absolument convaincu. » La principale menace pour les requins, ajoute-t-il, est la surpêche.

Depuis 35 ans, Greg marque les requins pour étudier leur comportement (pour voir où ils vont et ce qu’ils font). « Nous avons utilisé des transpondeurs et des véhicules sous-marins autonomes à une échelle très fine et à haute résolution. Nous observions ce que les requins faisaient, minute après minute, heure après heure. Ils passaient 60 % de leur temps loin de nous, en profondeur, où nous ne pouvons pas les voir. Donc, si nous pouvons les suivre, nous pouvons les espionner et voir ce qu’ils font. »

Les nouvelles technologies permettent aux requins d’être suivis sur des distances et des durées plus longues. « Nous pouvons leur apposer des marqueurs qui nous transmettront un signal dans six mois, et nous pourrons recréer leurs mouvements dans un espace tridimensionnel. »

Il est assez simple de déterminer les avantages du suivi pour les requins et leur environnement. « Lorsque vous voulez protéger une espèce, et ici aux États-Unis où nous faisons un excellent travail de protection des animaux, la loi nous oblige à maintenir les populations de la plupart des créatures à des niveaux durables. Il est essentiel de savoir où cet animal se trouve dans le temps et dans l’espace. Quels sont ses modèles de mouvement, son histoire naturelle? À quelle vitesse grandit-il, combien de petits a-t-il, où et quand se reproduit-il? »

Grâce à ces connaissances, les scientifiques seront idéalement les premiers à remarquer les menaces qui pèsent sur l’espèce. « Nous essayons de savoir si la cause de ce changement de comportement ou de motivation est humaine ou naturelle. Leur comportement est-il motivé simplement par l’environnement dans lequel ils vivent? Disons, par exemple, la température de l’eau, et qu’ils quittent la Nouvelle-Angleterre parce qu’il fait trop froid. Ou s’agit-il de leur désir d’avoir des possibilités de reproduction, ou simplement de se nourrir d’une source de nourriture solide? Ou alors ils s’en vont parce qu’ils n’ont pas le choix vu que nous avons modifié l’environnement d’une façon ou d’une autre?

« Ce sont là toutes des questions auxquelles nous essayons de répondre et auxquelles il est difficile de répondre. Mais petit à petit, nous trouvons des réponses. »

Ce qu’il décrit semble être une méthode scientifique simplifiée : découvrir ce qui se passe, puis essayer de comprendre pourquoi.

« Oui », dit Greg. « D’abord quoi? Ensuite, pourquoi? C’est le point de départ de tout chose. »

Pour Greg, tout a commencé avec les images, des images à la télévision et des images qu’il a prises avec un Kodak Instamatic afin de pouvoir partager ce qu’il a vu et ce qui l’intéressait. Le D750 qu’il utilise aujourd’hui est capable de capturer des images fixes et des vidéos pouvant transmettre un puissant message de sensibilisation et de prise de conscience. Comme le dit Greg : « Si je peux présenter mes recherches à travers de très belles photos et raconter une histoire, alors je commence une série d’événements d’une importance cruciale pour l’avenir. » « C’est ce qui m’inspire à prendre de belles photos. »

Le matériel de Greg

Son premier appareil photo numérique était un D200, et il l’a toujours en réserve, ainsi que quelques photos prises sur terre et sur un bateau, très probablement avec un AF-S NIKKOR 80-400mm f/4.5-5.6G ED VR. Un D750 et un AF-S Zoom-NIKKOR 17-35mm f/2.8D IF-ED dans un boîtier étanche constituent son équipement de travail sous-marin.

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