Une seule prise de vue : la rue commerçante
Joe McNally illumine et photographie une scène de rue idyllique
La scène était juste parfaite : La rue principale, dans le village de Tarrytown, État de New York. C’était une nuit d’été au mois d’août, les gens du coin vaquaient à leurs occupations, et devinez ce qu’il s’est passé? Par hasard, un photographe se trouvait non loin de là, et a illustré la scène en prenant un cliché digne d’un tableau de Norman Rockwell.
Attendez… En fait, ça ne s’est pas passé comme ça.
Ce que vous voyez là est une photo publicitaire intégralement planifiée et chorégraphiée, remarquable par sa conception et son exécution. Pour prendre cette photo, il a fallu une planification et une préparation au millimètre près… et un peu de chance.
Cette photo, nous en serions admiratifs même si nous n’avions rien à voir avec sa création : Nikon a lancé le concours qui a mené à la naissance de cette image, et nous avons conçu les flashs utilisés partout (mais non visibles sur la photo).
Le photographe est Joe McNally, un ambassadeur Nikon qui aime créer des images imaginatives et souvent plus complexes à réaliser que l’on pourrait le penser.
« Dans le cas présent, Nikon voulait mettre l’accent sur la polyvalence et la flexibilité de leurs flashs sans fil, et ils m’ont demandé de trouver une idée, » raconte Joe. Pour prendre cette photo, il est parti d’une de ses propres images, laquelle date de plusieurs années : une scène de rue avec plusieurs flashs, prise sur un coin de rue à New York. Joe voulait « voir un peu plus grand ». D’un coin de rue, il est passé à une rue entière, et il s’est inspiré en partie d’une photo légendaire de Langdon Clay, prise en 1979 : 22 photos prises sur un tronçon de 42nd Street, à New York, avec un appareil photo 8x10. Les négatifs ont ensuite été assemblés pour obtenir un tirage long de plus de 7 mètres et demi.
« J’ai toujours aimé les photos comme celles-ci, » explique Joe. Vous avez vu Fenêtre sur cour? Dans une scène, la caméra passe d’une fenêtre à l’autre, et il y a une dynamique, une action différente à chaque passage. Sauf qu’ici, le chef d’orchestre, c’est moi. »
Parmi les personnages sur la photo, beaucoup sont d’anciens élèves du photographe. « En grande majorité, ce sont des modèles qui ont déjà travaillé avec nous. On a aussi recruté des gens du coin : à la fenêtre, c’est Phil, un habitant de Tarrytown. Le type avec le balai et le bandeau, c’est le père de notre chef d’équipe, et celui qui est assis au milieu, au bar, c’est un acteur new-yorkais. On a réalisé le projet entre nous, en petit comité. »
Réaliser cette photo a été un parcours du combattant qui a été passé avec succès par Lynne, la gestionnaire et productrice de longue date de Joe pour ses projets en studio. « Les autorisations de la police, la déviation du trafic, les publicités sur tous les bâtiments, les forces de l’ordre pour faire la circulation (il s’agit de la rue principale de la ville), l’autorisation spéciale du conseil municipal et l’autorisation de tous les commerces dans un rayon de 30 mètres pour que tout le monde soit au courant de ce qu’il se passe. Faire une photo commerciale dans un environnement pareil, c’est d’une complexité sans nom. La plupart des gens n’imaginent même pas le nombre de détails auxquels il faut penser. »
La photo a été prise un peu avant 19 h. « C’était au crépuscule, il y a de belles couleurs dans le ciel, avec un peu de lumière naturelle dans le coin supérieur gauche de l’image. C’est là qu’on a eu de la chance, » révèle Joe. « J’avais désespérément besoin de cette lumière, parce qu’une fois que le ciel s’assombrit, on perd tout le charme de la scène. »
L’équipe a commencé à tout installer vers 10 h en plaçant les flashs en fonction de ce qui avait été indiqué sur un plan de la scène créé avant le jour J. « C’est une carte des endroits où placer les flashs, mais il a fallu faire de gros ajustements. Certaines des indications sur ce plan ont été faites sur place, le matin de la prise de vue. J’étais installé dans le Setback Inn, le bar sur la photo, et j’essayais de trouver des solutions. »
Pour la prise de vue en elle-même, il a fallu faire plusieurs photos et de nombreux ajustements. « On ne voit pas vraiment le rendu des flashs quand il fait plein soleil, » explique Joe. « Alors on compte sur notre expérience pour deviner la direction et le résultat de l’éclairage. Heureusement, j’ai pas mal d’expérience dans le domaine, et on avait une équipe géniale. On n’a pas arrêté de bouger les flashs et de faire des corrections. Au moment fatidique de prendre la photo, j’ai dû faire entre 50 et 80 photos exploitables sur une période d’une heure, en tout et pour tout. »
Ce qui a rappelé à Joe l’importance du rôle de sa productrice. « Lynne fait un travail titanesque, et ça me permet de me concentrer sur l’essentiel. Elle est beaucoup plus organisée que moi… mais on a tous nos points forts, pas vrai? »
En effet!