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Vous voulez de plus belles photos de paysage? Un conseil : Ralentissez

Glossaire

En photographie, on veut que tout aille très vite : la cadence de prise de vue, l’autofocus, l’objectif, et la vitesse à laquelle on obtient le résultat.

Mais la photographie possède un aspect contemplatif, et c’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de paysage.

Et sur cet aspect, la vitesse de votre matériel ne vous aidera pas. La seule chose qui peut vous aider, c’est de vous forcer à ralentir. En d’autres termes, vous devez penser à ce que vous photographiez, et pourquoi vous avez choisi de le photographier. Vous devez prendre le temps de capturer ce que vous pensez être l’essence d’un lieu, et transmettre l’impression de s’y tenir, au lieu de prendre une photo rapide qui ne servirait qu’à documenter le lieu en question.

Tout cela, c’est la photographe de paysage Mandy Lea qui nous l’a expliqué avec patience, clarté et précision. Elle voyage dans tout le pays en caravane pour photographier « les endroits magnifiques » et, en chemin, elle organise chaque année environ huit ateliers consacrés à la photographie de paysage.

Mandy est toujours occupée, mais jamais pressée.

« Être photographe de paysage, c’est aussi une façon de bouger tout le temps et d’assouvir ma passion pour la randonnée et l’aventure », explique-t-elle. Elle n’a donc aucune envie de se presser et de manquer les moments de bonheur et de contemplation que les paysages offrent au photographe et à l’appareil photo. Mandy comprend, et explique aux étudiants de ses ateliers, la différence entre faire du tourisme et faire de la photographie : « Le touriste arrive, prend une belle photo et repart. » En tant que photographe, Mandy arrive et prend le temps, se demande pourquoi elle aime le lieu, ce qui le rend beau à ses yeux, et ce qu’elle ressent. Puis, elle prend des photos qui correspondent au fruit de sa réflexion.

« On pense que l’on est toujours présents, mais ce n’est pas le cas. Il faut prendre consciemment la décision d’être à un endroit et d’être entièrement présent, de tout son être. Dans mes ateliers, j’explique aux gens que ce sont des concepts qu’ils doivent comprendre, et qu’ils doivent appliquer. Je dis toujours "je sais que vous pensez tous savoir ce que vous photographiez, mais je veux que vous définissiez clairement votre sujet dans chacune de vos photos". »

Première question

Vous y voilà : vous êtes devant un paysage aussi vaste qu’époustouflant. Vous êtes inspiré, ému même, et vous commencez à prendre des photos de toute cette beauté.

Pas si vite. Mandy a une question pour vous.

« Est-ce que vous choisissez de prendre une photo de cette fleur? De ce rocher? De ce lac, cette rivière, cette montagne? Je veux que vous identifiiez réellement votre sujet, et ensuite que vous pensiez à la meilleure façon de le mettre en valeur. »

L’idée semble très simple. Lorsque vous prenez quelqu’un en photo, votre sujet, c’est la personne en question. « Tout le monde dit "je veux prendre une photo de cette scène", mais qu’est-ce qu’elle a de si particulier? Est-ce la fleur? La rivière? Je veux que les gens sachent clairement ce qu’ils prennent en photo. Est-ce que c’est la façon dont la rivière longe la montagne? Pour chaque photo que je prends, lorsque je fais ma composition, je pense consciemment à ce que je prends en photo. Si c’est la courbe que prend la rivière, je me dis que je fais ma composition pour montrer spécifiquement cette courbe. »

Mandy pousse ses étudiants à décomposer ce processus, à le réduire à ses éléments les plus simples. « Quel est mon sujet? Et lorsque je fais ma composition, est-ce qu’il paraît évident que mon sujet, c’est ça et rien d’autre? »

En réalité, il s’agit de diriger les personnes qui regardent la photo et partager le ressenti d’un élément spécifique de la scène. « Ce n’est pas l’ensemble de la scène qu’il faut photographier », explique Mandy. « D’abord, il faut définir ce qui vous attire, et ensuite penser à la façon de transmettre cette attraction. »

Ce qui amène, au cours de l’atelier, à des questions et suggestions comme « Et si c’est la fleur au premier plan, pourquoi ne pas se baisser et se rapprocher? »

Bien sûr, poser ces questions et y répondre prend du temps, que ce soit au cours des ateliers ou après, lorsque les étudiants vont prendre des photos de leur côté.

Et c’est bien le but.

La solution à trois pieds

Mandy affirme que ralentir est la façon naturelle d’approcher la photographie du monde sauvage.

« La photographie de paysage, c’est très lent, en réalité », explique-t-elle. « On ne fait pas des photos d’un événement ou d’un mariage. La plupart des gens veulent aller très vite pour prendre leur photo. Je leur dis de ralentir, et c’est la raison pour laquelle on utilise un trépied. Un trépied va vous permettre de rester stable, mais il va aussi vous ralentir, vous donner le temps de penser à votre composition. Vous n’allez pas juste mettre votre appareil dans une position aléatoire et appuyer sur le déclencheur; vous allez devoir vraiment réfléchir à la composition de votre photo. Je peux sortir pour photographier un lever de soleil, et revenir avec seulement cinq photos, parce c’est tout ce dont j’avais besoin. Inutile d’en faire 500. Je dis à mes étudiants de prendre chaque photo consciemment, en ayant un but, une intention, donner à chaque photo une raison d’être. »

Doit-on prendre son temps même lorsque la lumière change rapidement? Mandy admet qu’à un certain point, il faut accélérer, mais toujours en gardant le contrôle de la situation. « À l’aube, il y a effectivement un intervalle de deux minutes où la lumière est parfaite, et à ce moment, je prends plus de photos. Mais j’arrive toujours sur les lieux une heure avant le lever du soleil, et je prends le temps de me préparer physiquement et mentalement. Donc quand ces deux minutes arrivent, je suis prête. »

Sur le site de Mandy, mandyleaphoto.com, vous trouverez une galerie de photos, les informations relatives à ses ateliers ainsi qu’un blogue qui retrace sa vie, ses découvertes et ses aventures.

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